Débat public sur l’avenir de la Penfeld

En l’absence d’une consultation de la population orchestrée par la collectivité, c’est l’association Rue de Penfeld qui s’y colle. Un débat public aura lieu mercredi 14 mai.

Une partie de la Penfeld sera bientôt cédée à la Cub. Mais pour quoi faire ?

« Jamais Brest n’a eu une telle occasion de réfléchir à la place de son coeur historique dans la construction de son avenir économique, social, culturel, urbanistique... » Voilà pourquoi l’association Rue de Penfeld milite depuis douze ans, dans l’espoir que les Brestois se mêlent de l’avenir de la Penfeld. C’est sûr maintenant, une partie de ce « no man’s land » dédié aux activités militaires va s’ouvrir. En 2004, quelque 100 000 m2 d’ateliers du plateau des Capucins doivent être transférés de la Marine à la Cub. Suivra le Salou, au fond de la Penfeld. Selon Jean-Paul Salaün, membre du bureau de l’association Rue de Penfeld et ancien syndiqué de l’arsenal, l’opposition du monde ouvrier n’est plus aussi vive que dans les années 90. « De toute façon, le déménagement se prépare. Les syndicats acceptent l’idée qu’on puisse en discuter ».

En discuter. C’est justement ce que réclame Rue de Penfeld. « Un nouveau quartier au centre ville, c’est une chance extraordinaire. Cela ne peut pas se faire qu’entre élus, techniciens et architectes ». Bref, ce dossier devrait sortir des bureaux de la Cub. « L’ouverture de la Penfeld faisait partie des grands projets de la campagne électorale des municipales, comme le tram », rappelle Marif Loussouarn, vice-présidente (Verts) de la Cub et membre du bureau de Rue de Penfeld. Elle voudrait que l’énergie déployée en consultation pour le tram le soit aussi en faveur de l’avenir de la Penfeld. « Il faut qu’un débat s’instaure. C’est du ressort de la Cub. Mais on le lance nous-même puisque personne ne le fait ».

Sans les élus ?

Ce débat aura donc lieu mercredi 14 mai à 20 h 30, salle des Conférences, à la mairie de Brest. Quelques intervenants sont attendus, dont un représentant de la délégation du développement de la région nazairienne qui témoignera du travail effectué, en concertation avec les habitants, sur l’aménagement de l’ancienne base sous-marine. Trois questions seront posées : Pourquoi réaménager la Penfeld ? Comment souhaitez-vous être associés aux propositions ? Quelles sont les idées de projet ?

Aucune assurance en revanche sur la présence d’élus. Malgré son engagement personnel, Marif Loussouarn n’est pas encore parvenue à mobiliser les autres conseillers au point qu’ils s’expriment publiquement sur un dossier éminemment du ressort du président François Cuillandre. Même l’opposition ne s’est pas emparée d’un sujet qui lui tendait les bras. Deux logiques s’affrontent visiblement. Celle de la Cub qui préfère avancer sa réflexion avant d’en faire part aux citoyens. Et celle de Rue de Penfeld, qui estime que la population ne doit surtout pas être mise devant le fait accompli, comme ce fut récemment le cas avec le projet de port du Château. « C’est une affaire d’experts à laquelle les gens n’ont pas été associés. »

C’est donc une association militante qui tentera de rendre la démocratie participative. Une opération à risque. D’abord parce que Rue de Penfeld n’est pas tout à fait dans son rôle. Et si elle échoue dans la mobilisation du public, ce sera un argument en or pour la Cub qui ne communique pas sur le sujet. A ceux-là, Marif Loussouarn pose une question : « Veut-on réintéresser les gens à la chose publique ou pas ? »

Article paru dans Ouest-France le Lundi 12 Mai 2003

Sébastien PANOU.